L’humanité se trouve dans une période de grands changements, une période de transition vers un monde nouveau. Ce passage, ce « Grand Passage », s’amorce et on parle de cette bascule de la 3e dimension à la 5e dimension. Mais on ne parle jamais de la 4e dimension alors que c’est cette étape qui permet d’opérer ce changement.

… nous ne voulons plus de la vie telle qu’elle est, … nous ne voulons plus du mensonge et de l’ignorance, … nous ne voulons plus du désordre et de la mauvaise volonté,
Sri Aurobindo est venu nous dire : « il n’est pas nécessaire de quitter la terre pour trouver la Vérité, il n’est pas nécessaire de quitter la vie pour trouver son âme, il n’est pas nécessaire d’abandonner le monde ni d’avoir des croyances limitées pour entrer en relation avec le Divin. Le Divin est partout, en toute chose, et s’il est caché… c’est que nous ne nous donnons pas la peine de Le découvrir. »
Nous pouvons, simplement par une aspiration sincère, ouvrir une porte scellée en nous et trouver… ce Quelque Chose qui changera toute la signification de la vie, qui répondra à toutes nos questions, qui résoudra tous les problèmes, et qui nous mènera vers cette perfection à laquelle nous aspirons sans le savoir, à cette réalité qui seule peut nous satisfaire et nous donner une joie, un équilibre, une force, une vie durables. […] Le point de départ : vouloir — vraiment vouloir, en avoir besoin. Le pas suivant : penser surtout à ça. Un jour vient, très vite, où l’on ne peut pas penser à autre chose.
C’est la seule chose qui compte. Et puis…
On formule son aspiration, on laisse jaillir de son cœur la prière vraie, celle qui exprime la sincérité du besoin. Et alors… eh bien, on verra ce qui va arriver.
Il arrivera quelque chose. C’est sûr qu’il arrivera quelque chose. Pour chacun, cela prendra une forme différente.

La Mère, Entretiens 1957 – 1958, p. 417

Cette évolution vers un monde nouveau ne peut se faire qu’avec la naissance d’un être nouveau. Ici, il ne s’agit pas de créer ce monde nouveau à partir de l’ancien. Nous ne voulons pas de l’enfer avec la climatisation !

Dans cette crise évolutive, nous quittons le connu pour plonger dans une nouvelle Aventure.

Alors, … adieu ce monde aux valeurs inversées, … adieu le mensonge et la manipulation, … adieu ce monde qui met en avant la division et la compétition, … adieu ce monde où pour imposer le contrôle on nous vend l’illusion de plus de simplicité et de sécurité, … adieu l’insensibilité, l’inconscience et l’ignorance, …

À toi, chercheur du Monde Nouveau, il est temps de choisir la fin des conflits intérieurs et extérieurs, et de servir la Vérité et le Divin.

Mais puisque le corps terrestre est unique, le remède est unique, comme la Vérité, et un seul point transmué, transmuera tous les autres. Or, ce point là, il ne se trouve dans aucune de nos lois à améliorer, aucun de nos systèmes, de nos sciences, nos religions, nos écoles, nos « ismes » de toutes les couleurs et les odeurs – tout cela fait partie de la vieille Mécanique, il n’est pas un seul boulon à resserrer nulle part ni à ajouter ni à améliorer, nous sommes au grand complet de la suffocation. Et ce point là, il n’est pas même dans notre intelligence – c’est elle qui a combiné toute la Mécanique – ni même dans une amélioration de l’Humain, qui serait encore une glorification de ses faiblesses et de ses grandeurs passées. « L’imperfection de l’homme n’est pas le dernier mot de la Nature, disait Sri Aurobindo, mais sa perfection non plus n’est pas le dernier pic de l’Esprit. » Il est dans un avenir encore inconcevable pour notre intelligence mais qui pousse au cœur de l’être, comme la fleur du flamboyant quand toutes les feuilles sont tombées.
Satprem, La Genèse du Surhomme

Porté par cette même aspiration de manifester sur terre la Vie Divine, par notre unicité nous suivons chacun un chemin différent. Le chemin ne peut être ouvert qu’individuellement car « l’idéal que nous nous sommes proposé, la vie divine sur la terre, ne peut se réaliser que par un changement spirituel de notre être, un changement radical et fondamental, une évolution ou une révolution de notre nature. Il faut que l’être incarné sur la terre s’élève au-dessus des voiles du mental, de la vie et du corps et sorte de leur domination pour entrer en la conscience et en la possession complètes de sa réalité spirituelle; » Sri Aurobindo – La Vie Divine.

Le premier pas à faire est d’aspirer à sortir de cette prison mentale dans laquelle nous sommes enfermé depuis notre plus tendre enfance. Par cela, nous nous ouvrons à la possibilité d’un nouveau fonctionnement. Ce n’est pas en nous tournant vers l’extérieur, vers un sauveur quelconque, que nous opèrerons la transformation de notre être. En effet, le passage se trouve en nous car notre divinité est enfouie au Cœur du Cœur de notre cœur !

Notre véritable trésor est bien en nous. Alors, tels des explorateurs, plongeons en nous, observons, modifions, transformons, abandonnons-nous à ce Divin enfoui en nous.

La grande Transition à l’autre espèce commence dans un regard. Passer d’une espèce à une autre ne consiste pas à changer de structure mais à changer de conscience : la chenille et le papillon regardent un seul et même monde. Et quand quelques-uns auront commencé à voir de l’autre façon, ce sera la grande contagion de la vision supramentale ; nous sortirons du cauchemar mental, nous sentirons autrement, nous respirerons autrement et nous bâtirons notre monde autrement parce que nous le verrons autrement. Et finalement la Conscience même prendra ce corps pour le refaire selon sa vision de beauté immortelle.
Satprem, Mère ou Le Matérialisme Divin

C’est la fin de ce fonctionnement basé sur l’ego et le mental. Un transfert de pouvoir s’opère en nous, de notre ego à notre âme.

Tant que nous sommes soumis à la nature humaine inférieure, nous devons absolument faire un effort personnel pour contribuer à cette transformation.

Cet effort personnel comprend trois actions :

L’aspiration : Sri Aurobindo définit l’aspiration comme « l’enthousiasme spirituel, la grandeur et l’ardeur de la recherche de l’âme. » La direction, l’intensité, la persistance de notre aspiration… c’est elle qui décide du résultat. Notre corps, nos pensées, nos actions, nos émotions … tout est dirigé vers le Divin. Nous pensons toujours à la présence Divine qui est en toute chose, en nous et partout.

La retenue : tout ce qui ne va pas dans le sens de notre aspiration doit être rejeté : idées, habitudes, opinions, préférences, désirs, émotions, pulsions, envies, doutes, peurs, obstination, inertie… Nous posons une vigilance accrue sur nos mouvements intérieurs et nous supprimons peu à peu ce qui n’est pas vrai avec notre aspiration.

L’abandon : « Tout peut être fait par le Divin – la purification du coeur et de la nature, l’éveil de la conscience intérieure, la suppression des voiles – si l’on se donne au Divin avec foi et confiance, et même si l’on n’y arrive pas entièrement tout de suite, plus on s’y applique, plus l’aide intérieure ainsi que la guidance viennent et l’expérience du Divin augmente par l’intérieur. Si l’intellect interrogateur devient moins actif et l’humilité et la volonté de s’abandonner augmentent, ceci devient parfaitement possible. Aucune autre force ou pratique ne sont nécessaires, juste cela. » Sri Aurobindo, Lettres sur le yoga.

À mesure que notre âme se développe et vient en avant, elle prend la responsabilité de notre épanouissement et conduit à la triple transformation.

Le passage de la Nature inférieure à la Nature supérieure est le but du yoga; ce passage peut s’effectuer par le rejet de l’inférieur et l’évasion dans le supérieur — tel est le point de vue ordinaire — ou par la transformation de la Nature inférieure et son élévation à la Nature supérieure. Et tel doit être le but d’un yoga intégral.
Sri Aurobindo, Synthèse des yogas

Dans Lettres sur le yoga, Sri Aurobindo explique cette triple transformation, en voici quelques extraits :

La transformation psychique : « La transformation psychique est celle qui vient du dedans, par la domination du psychique sur le mental, le vital et le physique. […] La transmutation psychique de l’être transforme la nature inférieure en apportant au mental une vision juste, au vital des impulsions et des sentiments justes, au physique des mouvements et des habitudes justes — tous orientés vers le Divin, tous fondés sur l’amour, l’adoration, la bhakti; elle leur fait enfin voir et sentir que la Mère est présente partout et en tous, et non seulement dans le cœur, que sa Force est à l’œuvre dans l’être; elle apporte au mental, au vital et au physique la foi, la consécration et la soumission. »

La transformation spirituelle : « La transformation spirituelle est celle qui descend d’en haut. […] C’est la descente et la stabilisation de la paix, de la lumière, de la connaissance, du pouvoir, de la béatitude d’en haut; c’est aussi la perception du Moi, du Divin et d’une conscience cosmique supérieure en lesquels se transforme la totalité de la conscience. »

La transformation supramentale : « On peut faire descendre la paix dans le physique, jusque dans les cellules mêmes. C’est la transformation active du physique qui ne peut se faire complètement sans la descente supramentale. […] La transformation supramentale complète n’est pas possible si le corps reste ce qu’il est, esclave de la mort, de la maladie, de la dégradation, de la douleur, de l’inconscience et de toutes les autres conséquences de l’ignorance. »

Cette transformation de la nature inférieure à la nature supérieure, conduit à l’émergence du Surhomme qui vit la Vie Divine sur terre. Le monde nouveau, que Satprem appelle la Cité de Vérité, est alors en train de voir le jour.